L’Ă©cole Ă la maison en temps de coronavirus
La fermeture des Ă©coles partout en Belgique et en France s’accompagne de mesures prises par les gouvernements pour que les apprentissages scolaires soient maintenus. Le fil rouge donnĂ© aux enseignants : pas d’apprentissage de nouvelles matiĂšres mais bien un renforcement des acquis. Soudainement, des centaines de milliers d’enseignants doivent mettre en place, rapidement et sans avoir eu le temps de pouvoir Ă©laborer en Ă©quipe ce changement, de nouvelles maniĂšres d’enseigner Ă Â leurs Ă©lĂšves confinĂ©s Ă la maison. Tout Ă coup, des millions de parents, se retrouvent Ă devoir faire l’Ă©cole Ă la maison tout en devant parfois jongler avec le tĂ©lĂ©travail, l’occupation des plus jeunes…
Aujourd’hui beaucoup s’interrogent sur la pertinence de donner Ă distance des dizaines d’exercices Ă des enfants qui n’ont pas forcĂ©ment accĂšs Ă un ordinateur, Ă Â internet, oĂč chacun n’a pas toujours l’espace pour pouvoir travailler dans le calme ou un parent disponible pour rĂ©pondre aux questions, accompagner dans les travaux…Â
Ils se demandent comment faire pour que la fracture scolaire, que les inĂ©galitĂ©s ne se creusent pas d’avantage durant ces semaines loin de l’Ă©cole.Â
« La « continuitĂ© pĂ©dagogique » met en lumiĂšre de maniĂšre criante et alarmante toutes les inĂ©galitĂ©s qui traversent lâenseignement et contre lesquelles nous luttons chaque jour. Pourtant, maintenir du lien avec nos Ă©lĂšves implique de poursuivre la rĂ©flexion sur les adaptations, les inclusions (des Ă©lĂšves en situation de handicap, de celles et ceux Ă profil particulier, des allophones, des Ă©lĂšves de segpa, etc.), la prise en compte des besoins de chaque Ă©lĂšve. Mais ce qui est mis en avant est lâexigence de travail Ă poursuivre, coĂ»te que coĂ»te… Et il nous en coĂ»te beaucoup !
Nous sommes saisis par un vertige douloureux en prenant conscience que, par cette « continuitĂ© pĂ©dagogique », nous risquons dâentĂ©riner et de renforcer les inĂ©galitĂ©s, de violenter jeunes et familles en leur imposant une cadence de travail irresponsable.Â
Dans la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons, quel est, en effet, notre rĂŽle dâenseignant ? Quel est le sens de l’Ă©ducation et de l’Ă©cole ? »Â
[…]
« Parler « continuitĂ© pĂ©dagogique », câest parler pĂ©dagogie : lier, dĂ©lier, relier⊠les élĂšves, les enseignants et les savoirs. Avec des prioritĂ©s : garder le contact avec toutes et tous, construire du collectif, former Ă lâautonomie, sâappuyer sur leur avis, faire dĂ©couvrir le plaisir dâapprendre, crĂ©er de la solidaritĂ©, accompagner les jeunes â tous les jeunes â les familles â toutes les familles â, et non pas se contenter de mettre Ă disposition du travail, sans penser Ă la maniĂšre dont il est reçu et perçu. Apprendre câest faire quelque chose quâon ne sait pas faire. Les jeunes ont besoin pour cela dâĂȘtre en sĂ©curitĂ©, dâĂȘtre Ă©tayĂ©âąeâąs par le groupe, par lâenseignant. Il ne suffit pas dâenvoyer des « contenus » pour que lâapprentissage se fasse. »
Extraits d’une carte blanche signĂ©e par des centaines d’enseignants français sur cafepedagogique.net
En contrepoint de ces exigences scolaires, certains plaident pour qu’en lieu et place de dizaines de feuilles d’exercices, les enfants soient encouragĂ©s Ă observer, Ă Â dĂ©couvrir, Ă vivre les savoirs au travers d’expĂ©riences comme la cuisine, le jardinage, l’Ă©criture de lettres aux gens qu’on aime…
« Dâune part, lâabsence ne va pas effacer les savoirs en construction. Dâautre part, cet état de fait va certainement mobiliser dâautres sources dâintĂ©rĂȘt. Je pense quâil y a en filigrane une redĂ©couverte de certains fondements comme la capacitĂ© Ă Â entreprendre aprĂšs sâĂȘtre ennuyĂ©, Ă explorer un environnement connu mais abandonnĂ© au vu du temps consacrĂ© Ă la prĂ©sence scolaire. Il sâavĂšre que pour certains enfants, aller dĂ©terrer des vers de terre au fond du jardin est tout aussi bĂ©nĂ©fique que dâapprendre les tables de multiplication. »
Opinion d’un enseignant Ă Â lire sur La Libre.
« La posture principale que nous suggĂ©rons aux parents dâadopter est de proposer des activitĂ©s aux enfants qui les invitent Ă penser, Ă rĂ©flĂ©chir, Ă cogiter. Les mettre uniquement en action ne sera pas trĂšs intĂ©ressant. DerriĂšre les pistes ci-dessous, au-delĂ de leur diversitĂ©, le principe est de laisser les enfants se poser des questions, chercher, obtenir des rĂ©ponses Ă ces questions, mettre en Ćuvre, persĂ©vĂ©rer et, au final, profiter du rĂ©sultat. »
Article à lire sur les cahiers-pédagogiques.com